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Ayuk Tabe extrait clandestinement de Kondengui

C’est une information de nos confrĂšres du site cameroun24.net. Ils affirment que le leader sĂ©cessionniste anglophone Sisiku Ayuk Tabe a Ă©tĂ© sorti de la prison avec ses compagnons de lutte Elias Eyambe, Penn Terrence et Blaise Sufai et conduits vers une destination inconnue.

Cette mesure ferait suite aux agitations que connaßt ce centre pénitencier depuis le début de la crise sanitaire.

En effet, plusieurs organisations de dĂ©fense des droits humains ont appelĂ© Ă  la libĂ©ration de certains dĂ©tenus politiques en vue de dĂ©congestionner les prisons et Ă©viter la contamination de ces derniers au coronavirus. Dans une dĂ©claration rendue public mardi dernier, le leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) avait demandĂ© la libĂ©ration d’AYUK Tabe et Mamadou Mota en les citant nommĂ©ment, dans le but de dĂ©sengorger les prisons pour lutter contre le coronavirus.

Le prĂ©sident de la RĂ©publique Paul Biya a signĂ© un dĂ©cret de remises et de commutation de peines des dĂ©tenus. Mais cette dĂ©cision ne concerne pas les dĂ©tenus politiques et ceux de l’opĂ©ration Epervier.

Pour l’instant rien ne permet de dire si cette extraction de la prison surpeuplĂ©e de YaoundĂ© Kondengui rĂ©pond Ă  ce souci de dĂ©sengorgement des prisons demandĂ© Ă©galement par le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations Unis.

Il faut rappeler qu’il y’a quelques jours, depuis sa cellule Ă  Kondengui, Sisiku AYuk Tabe a adressĂ© une correspondance Ă  ses sujets par rapport Ă  la libĂ©ration de l’Etat virtuel ambazonien. Il a appellĂ© son peuple Ă  prendre le devant de la scĂšne au moment oĂč des sources indiquent une faible santĂ© de Paul Biya, d’autres sa mort.

Ci-dessous l’intĂ©gralitĂ© de son message

« Aujourd’hui, le vent de la libertĂ© et de la libertĂ© fait signe Ă  votre conscience divine de dire Ă  vos gouvernements et Ă  vos Ă©lus du monde entier: LĂąchez mon peuple! Soutenez nos aspirations dĂ©mocratiques
 Rejoignez notre lutte pour la dĂ©cence humaine et la bataille pour le respect de notre corps, de notre cƓur et de notre esprit
 La lutte pour l’indĂ©pendance complĂšte du Cameroun mĂ©ridional est votre lutte. »

Nous sommes dans un Ă©tat de plus en plus dĂ©sastreux – nĂ©gligĂ© et oubliĂ© par le monde entier, ce qui permet Ă  nos ravisseurs de nous infliger une violence indicible.

J’Ă©cris aujourd’hui de la prison principale de Kondengui, oĂč je suis injustement dĂ©tenu avec une partie importante de mon cabinet et avec des milliers d’autres prisonniers du sud du Cameroun qui ont enfreint le rĂ©gime rĂ©pressif de Paul Biya, le despote de longue date du Cameroun. Nous sommes dans un Ă©tat de plus en plus dĂ©sastreux – nĂ©gligĂ© et oubliĂ© par le monde dans son ensemble, ce qui permet Ă  nos ravisseurs de nous infliger une violence indicible. Ceci, en rĂ©alitĂ©, est rĂ©vĂ©lateur de la lutte plus large Ă  laquelle mon peuple a Ă©tĂ© confrontĂ©, souvent en silence et trop souvent ignorĂ©.

Au cours des deux derniĂšres annĂ©es, j’ai eu l’honneur d’ĂȘtre prĂ©sident du gouvernement intĂ©rimaire du Sud du Cameroun. Il y a plusieurs mois, j’ai Ă©tĂ© illĂ©galement enlevĂ©, avec une partie de mon cabinet, de l’hĂŽtel Nera Ă  Abuja, au NigĂ©ria, et ensuite illĂ©galement transportĂ© au Cameroun, en violation du droit international. Certes, je ne suis que la derniĂšre victime d’une catastrophe qui mijote depuis longtemps, qui se manifeste aujourd’hui dans une fissure sociale croissante qui a entraĂźnĂ© d’innombrables morts et destructions.

Historiquement, la République du Cameroun a obtenu son indépendance le 1er janvier 1960 et est devenue membre des Nations Unies, avec son propre territoire clairement défini, partageant une frontiÚre reconnue avec le Cameroun méridional. Le Cameroun du Sud britannique a par la suite obtenu son indépendance le 1er octobre 1961, avec son propre territoire clairement tracé également, partageant des frontiÚres communes avec la République fédérale du Nigéria et le Cameroun.

À ce titre, la cause profonde de la crise actuelle est le rĂ©sultat d’un processus de dĂ©colonisation sĂ©vĂšrement bĂąclĂ©. Et cela doit ĂȘtre rĂ©solu immĂ©diatement avant de trouver une solution durable, fondĂ©e sur le droit international et une culture de la justice et du respect de la dignitĂ© humaine fondamentale. En termes simples, le droit international accorde au Cameroun mĂ©ridional le droit Ă  l’autodĂ©termination. De plus, la violence et les tueries qui ont lieu en ce moment dans le sud du Cameroun ne nous ont laissĂ© d’autre choix que de combattre, de dĂ©fendre et de nous libĂ©rer des entraves de la colonisation noir sur noir.

Le traitement injuste des Camerounais du Sud est aujourd’hui une rĂ©alitĂ© inĂ©vitable et tragique. Notre peuple est tuĂ©, non pas pour ce qu’il a fait, mais pour qui il est. Notre peuple a en effet Ă©tĂ© dĂ©crit comme des «rats» et des «chiens» par des membres du gouvernement camerounais. Il y a des appels Ă  nous exterminer, ainsi que d’autres Ambazoniens, avec la justification que le prĂ©sident Biya a le droit de tuer tout le monde sous prĂ©texte de «l’unitĂ© nationale».

Imaginez qu’on vous dise que vous ĂȘtes les ennemis de la maison; imaginez qu’on demande Ă  votre peuple de quitter ses terres et ses villages ancestraux ou d’ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un terroriste; imaginez la politique de la terre brĂ»lĂ©e et les opĂ©rations militaires dans nos villages qui n’ont Ă©pargnĂ© personne, pas mĂȘme les femmes ĂągĂ©es et les jeunes enfants. Imaginez simplement que vous vous sentiez comme un citoyen de seconde zone dans votre pays de naissance. Ce sont les faits glaciaux et brutaux d’aujourd’hui et les conditions de vie dans lesquelles nous sommes forcĂ©s de survivre.

Sur la base de ces conditions rĂ©prĂ©hensibles et humiliantes, les dirigeants du sud du Cameroun ont cherchĂ©, Ă  plusieurs reprises au fil des ans, Ă  engager un dialogue pacifique avec les autoritĂ©s camerounaises. On nous a toujours refusĂ© cette opportunitĂ©. Au fil du temps, notre peuple – moi y compris – s’est rendu compte que nous Ă©tions simplement victimes d’une autre promesse non tenue et que les signes d’une catastrophe imminente Ă©taient manifestes. Nos espoirs ont Ă©tĂ© déçus et bon nombre de nos dirigeants, politiques et civiques, ont Ă©tĂ© jetĂ©s illĂ©galement en prison. Les protestations avaient Ă©chouĂ©. Les tentatives de dialogue de bonne foi ont Ă©galement Ă©chouĂ©. Nous Ă©tions bloquĂ©s. Nous avons Ă©tĂ© battus. Et nous avons Ă©tĂ© humiliĂ©s dans le processus. Nous avons ainsi rĂ©alisĂ© que, collectivement, nous n’avions pas d’autre alternative que celle de prĂ©parer une confrontation directe,

Plus jamais nous, les habitants du sud du Cameroun, ne pouvons nous permettre de vivre avec le statut Ă©troit et institutionnalisĂ© de citoyens de seconde classe – certainement pas sur la terre de nos ancĂȘtres.

En termes simples, les habitants du sud du Cameroun ont perdu confiance dans l’expĂ©rience du Cameroun – il s’agit en effet d’une maladie incurable. Paul Biya et son rĂ©gime ont impitoyablement rĂ©primĂ© notre peuple pacifique – nos mĂšres, nos pĂšres et nos enfants – avec une barbarie fĂ©roce. La guerre a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©e Ă  notre peuple. Tout cela pour rappeler aux spectateurs et aux lecteurs que nous ne sommes pas entrĂ©s de maniĂšre irresponsable dans une confrontation directe avec les autoritĂ©s camerounaises. Nous avons toujours plaidĂ© pour une rĂ©solution pacifique des causes profondes de cette crise. Cependant, Biya et son rĂ©gime pensent le contraire, dĂ©terminant que la violence peut ĂȘtre la solution.

Plus jamais nous, les habitants du sud du Cameroun, ne pouvons nous permettre de vivre avec le statut Ă©troit et institutionnalisĂ© de citoyens de seconde classe – certainement pas sur la terre de nos ancĂȘtres.

Aujourd’hui, le vent de la libertĂ© et de la libertĂ© fait signe Ă  votre conscience divine de dire Ă  vos gouvernements et Ă  vos Ă©lus du monde entier: LĂąchez mon peuple! Soutenez nos aspirations dĂ©mocratiques. Cette lutte a dĂ©passĂ© celle d’individus comme moi prĂȘts Ă  payer le prix ultime pour la libertĂ© de notre peuple. Rejoignez notre lutte pour la dĂ©cence humaine et la bataille pour le respect de notre corps, de notre cƓur et de notre esprit; nos traditions et nos valeurs. La lutte pour l’indĂ©pendance complĂšte du Cameroun mĂ©ridional est votre lutte. S’il vous plaĂźt, restez avec nous.

Sissiku Julius Ayuk Tabe est le prĂ©sident du gouvernement intĂ©rimaire de la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale d’Ambazonie et actuellement prisonnier politique au Cameroun. Il a Ă©tĂ© le premier vice-prĂ©sident de l’UniversitĂ© amĂ©ricaine du NigĂ©ria et ancien directeur de CISCO.

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