
6 AVRIL 1984-6 AVRIL 2020/ET SI GUERANDI MBARA ET LES PUTSCHISTES DU MOUVEMENT JOSE AVAIENT RAISON
Par Michel Biem Tong, journaliste web en exil
En ce 36e anniversaire du coup dâEtat manquĂ© contre lâalors nouveau rĂ©gime de Paul Biya, il faut saluer la clairvoyance du capitaine Guerandi Mbara, kidnappĂ© de France et liquidĂ© physiquement au Cameroun en 2013 par les services secrets camerounais, grĂące Ă la complicitĂ© du trafiquant dâarmes français Georges Staeckman. Oui, Guerandi Mbara Ă©tait un visionnaire car le drame que vivent aujourdâhui de millions de Camerounais sous le rĂ©gime gangster de Biya, cet officier subalterne de lâarmĂ©e camerounaise lâavait vu venir lorsque lui et ses camarades du mouvement Jeunes Officiers pour la Survie de lâEtat (JOSE) ont tentĂ© de reprendre par la force le pouvoir confiĂ© Ă Paul Biya par Amadou Ahidjo le 6 novembre 1982.
Dans un entretien quâil a accordĂ© le 4 avril 2009 Ă Cameroonvoice, une web-radio basĂ©e au Canada, Guerandi Mbara commence par souligner que le coup dâEtat du 6 avril 1984 ne visait pas Ă ramener Ahidjo au pouvoir car le mouvement JOSE, explique-t-il, avait dĂ©jĂ commencĂ© Ă crĂ©er des cellules secrĂštes en 1975, fort de la corruption et de la dilapidation des ressources publiques qui sĂ©vissaient dĂ©jĂ et qui se sont accentuĂ©es dĂšs lâarrivĂ©e de Paul Biya au pouvoir : « qui ne se souvient pas de la phrase âcâest notre tour maintenantâ ?âŠqui ne se souvient pas de la dilapidation des ressources financiĂšres au nom de la crĂ©ation dâune certaine bourgeoisie ethno-rĂ©gionaliste ? qui ne se souvient pas des arrestations arbitraires, de la volontĂ© dâanĂ©antissement des hommes dâaffaires de certaines rĂ©gions ciblĂ©es par ce clan ethno-fasciste au pouvoir, lĂ je pense aux commerçants bamilĂ©kĂ© et islamo-peuhl ? », rappelle Guerandi Mbara dans cette interview.
Câest donc ce « clan ethno-fasciste » qui Ă©tait visĂ© par le mouvement JOSE. Ce clan extrĂ©miste et villageois qui se dit de la tribu des seigneurs, des nĂ©s pour gouverner mais qui dĂšs lâarrivĂ©e de Paul Biya au pouvoir nâavait pour seule prĂ©occupation que dâamasser le maximum dâargent possible : « Tout se passait comme sâil fallait se remplir les poches le plus rapidement possible avant quâil ne soit trop tard », avait soulignĂ© le sous-lieutenant Yaya Adoum dans le message des putschistes lu Ă Radio Cameroun le 6 avril 1984 mais qui ne sâest limitĂ© quâĂ la ville de YaoundĂ©. Ceci, grĂące Ă Gabriel Ebili, un technicien de Radio Cameroun.
Câest donc ce clan ethnofasciste dit ekang-beti qui se bat corps et Ăąme pour confisquer lâappareil de lâEtat ad vitame eternaem. Câest ce clan ethnofasciste avec pour chef bandit Paul Biya qui a pillĂ© de maniĂšre sauvage la SociĂ©tĂ© camerounaise de banques (SCB) vers la fin des annĂ©es 1980. Câest ce clan ethnofasciste qui a dĂ©crĂ©tĂ© quâun bamilĂ©kĂ© ne prendra jamais le pouvoir au Cameroun. Câest ce clan ethnofasciste qui a armĂ© des milices terroristes telles que CAFE, Nkul Nnam, pour tuer les membres du mouvement estudiantin Le Parlement qui, au dĂ©but des annĂ©es 1990, revendiquaient de meilleures conditions dâĂ©tude Ă lâUniversitĂ© de YaoundĂ© ainsi que le retour Ă la dĂ©mocratie.
Câest ce clan extrĂ©miste qui, grĂące Ă ses services spĂ©ciaux, a mis sur pied lâOpĂ©ration Epervier pour exterminer par lâemprisonnement pour malversations financiĂšres la fine fleur de lâĂ©lite dirigeante, particuliĂšrement celle beti, dotĂ© de compĂ©tences avĂ©rĂ©es, du sens Ă©levĂ© de lâEtat et par consĂ©quent mieux Ă mĂȘme de diriger le Cameroun. Câest ce clan ethno-fasciste qui combat lâopposant Maurice Kamto, qui a créé la Brigade des Patriotes pour combattre la Brigade anti-Sardinards (BAS), un mouvement citoyen anti-Biya créé par les Camerounais de la diaspora aprĂšs lâĂ©lection prĂ©sidentielle de 2018. Câest ce mĂȘme clan pouvoiriste ekang-beti qui veut nous imposer Franck Biya comme successeur de son pĂšre Ă la tĂȘte de lâEtat, pour continuer Ă faire main basse sur les richesses du pays, pour continuer Ă torturer, massacrer et avilir le peuple camerounais.
Au regard des dĂ©gĂąts dĂ©jĂ commis par ce ramassis dâincompĂ©tents, de jouisseurs et dâaventuriers qui se disent de la race des « seigneurs », des « nĂ©s pour gouverner », il y a lieu de saluer lâinitiative de Guerandi Mbara et du Mouvement JOSE, dont la rĂ©ussite aurait Ă©pargnĂ© le Cameroun et les Camerounais, la malĂ©diction qui sâabat sur eux depuis 38 ans de rĂšgne des Biya.